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Alix de Sagazan répond aux questions de Dynamique Mag sur l’entrepreneuriat

Le 8 mars 2017 –

Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, Dynamique Mag met
à l’honneur Alix de Sagazan, cofondatrice d’AB Tasty.

Comment en êtes-vous venue à l’entrepreneuriat ?

Je suis sortie de l’école de commerce Sup de Co Reims en juin 2007, puis j’ai commencé à travailler pour la régie publicitaire Adlink, rachetée depuis par le groupe Hi-média. J’ai alors retrouvé Rémi Aubert, un ami d’enfance que j’avais perdu de vue. Il travaillait également dans le domaine de la publicité online. Nous avons déjeuné ensemble et l’idée de créer une entreprise en commun a émergé. Il m’a fait recruter dans son entreprise, Keyade, en janvier 2009. Nous gérions tous les deux le pôle affiliation dans cette agence d’acquisition de trafic. En novembre, nous avons décidé de quitter la structure pour monter Liwio, une agence spécialisée en web analytics et dans la conversion de trafic. L’objectif de l’entreprise était d’aider nos clients dans la mesure d’audience, la compréhension des indicateurs clés de performance (KPIs) et la mise en place d’une stratégie d’optimisation via, entre autres, la technique de marketing de l’A/B Testing. Nous avons créé l’entreprise Liwio le 9 décembre 2009.

Quelles ont été les étapes marquantes dans le développement de l’entreprise ?

En 2011, nous nous sommes dit qu’il fallait aller plus loin que le conseil, qu’il fallait créer un outil. Dans le domaine de l’Analytics, tous les outils existaient déjà. En revanche, en termes d’optimisation de la stratégie web, il n’y avait pas beaucoup d’équipement sur le marché. Nous avons recruté notre premier développeur grâce aux revenus tirés de l’activité « conseil » de l’entreprise, puis nous nous sommes appuyés sur notre base de clients pour tester l’outil. Début 2012, nous avons décidé de le lancer en version commerciale et en avril de la même année, Photobox est devenu notre premier client sur AB Tasty. à l’époque, nous étions cinq dans l’équipe, dont un seul développeur. Le succès de l’outil a été rapidement au rendez-vous, des grands comptes nous ont rejoints et nous avons décidé fin 2012 de devenir éditeur de logiciel à 100 %, en laissant l’aspect « conseil » de côté. Quelques recrutements plus tard, nous avons levé 1,1 million d’euros en mai 2014, avec pour objectif d’accélérer la R&D et la partie internationale. Fin 2015, nous avons ouvert un bureau à Sydney, un à Londres, un à Cologne et plus de 10 % de notre chiffre d’affaires est aujourd’hui réalisé à l’international.

Pourquoi avoir choisi ce secteur ?

Nous avions observé que le marché allait s’orienter de l’acquisition client à la conversion. Nous avons identifié ce créneau comme un secteur porteur, car cela émergeait aux états-Unis. Les entreprises dépensaient des sommes colossales dans l’acquisition. Ces budgets allaient nécessairement se transférer vers la conversion client.

Comment fait-on pour évangéliser un marché ?

Même si aujourd’hui, notre produit est moins compliqué à vendre qu’il y a 3 ans, nos prospects n’étaient pas vraiment réceptifs au concept. Nous avons donc publié du contenu et rencontré beaucoup de personnes dans des salons. Nous avons tenté d’être le plus proche possible de nos clients afin de comprendre leurs problématiques et d’y répondre. Par ailleurs, je crois qu’il faut fermement croire dans son produit pour le vendre le plus naturellement possible et en expliquer les bénéfices aux futurs utilisateurs.

Créer son entreprise a-t-il toujours été un moteur
pour vous ?

Je me rappelle que lorsque je travaillais dans ma première boîte, j’avais essayé de bidouiller un projet avec un collègue pour monter une structure. Lors de mes retrouvailles avec Rémi, je me suis rendu compte qu’il avait fait pareil de son côté. Nous avons donc tout de suite partagé cet esprit d’entreprendre.

Qu’est-ce qui caractérise cet esprit ?

En 2009, dans le domaine en pleine ébullition du web, l’entrepreneuriat représentait un peu l’aventure. Mais je crois que l’esprit d’entreprendre est surtout caractérisé par l’insouciance. Quand vous êtes jeune, que vous n’avez aucune charge de famille, aucune contrainte extérieure, se lancer est un bon choix à faire ! Certes, la création d’entreprise ne va pas sans difficultés, surtout dans les premières années. Je me suis pris un nombre de refus professionnels incalculables ! Mais cela forge le caractère. à 26 ans, âge auquel je me suis lancée, je n’étais pas vraiment consciente de cela, et je n’avais pas grand-chose à perdre. Cela a sans doute été salvateur.

Comment conciliez-vous la vie professionnelle et la vie personnelle ?

Plutôt très bien en réalité. Quand vous avez une vie d’entrepreneur, vous avez un emploi du temps chargé. Mais je crois surtout que cela occupe plutôt l’esprit. Car en ce qui concerne le temps, on a la chance de pouvoir le moduler. J’arrive à en dégager pour aller chercher mon fils le soir. Je m’organise pour être efficace la journée en déléguant énormément. Par ailleurs, je crois fortement que le bonheur et la passion qui me motivent chaque matin dans mon métier se ressentent fortement au niveau personnel. Aujourd’hui, je ressens de l’exaltation tous les jours dans ma vie professionnelle et j’ai un mari qui adore aussi son métier donc le professionnel et le personnel se concilient très bien. Quand on est très heureux dans sa vie professionnelle, un boulot n’est pas vraiment un boulot, c’est une vocation !

Quel type de manager êtes-vous ?

Avec Rémi, nous essayons d’appliquer un principe simple au quotidien : « Happy employees, happy customers » (ndlr : employés heureux, clients heureux !). Pour y parvenir, nous déléguons beaucoup, nous tentons de responsabiliser énormément nos équipes. Nous essayons également d’aplatir la hiérarchie le plus possible car nous n’y croyons pas. Nous possédons des outils de communication en interne afin que l’information passe le plus rapidement possible. Nous avons également donné le rôle de managers intermédiaires à des jeunes en leur laissant énormément d’autonomie. Le but, c’est que l’entreprise tourne sans nous et que nous puissions nous concentrer sur le développement à l’international.

Quels conseils donneriez-vous à de futurs entrepreneurs ?

Je leur dirais de se lancer jeune et de ne pas attendre pour lancer et tester leur produit ! Il faut se confronter immédiatement au marché pour sentir ce que veulent les consommateurs et voir si ce que vous avez à leur proposer fonctionne. Même s’il faut réajuster l’offre par la suite, c’est toujours mieux que de développer l’offre dans son coin et d’attendre le dernier moment avant de commercialiser. Ensuite, je pense qu’il faut recruter une équipe complémentaire et savoir bien s’entourer. Faites-vous accompagner des bonnes personnes, et pensez notamment à solliciter l’aide d’autres entrepreneurs. Enfin, pensez à vous donner des objectifs en termes de timing, cela vous aidera à avancer étape par étape.

 

 

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